Il arrive qu’un trouble alimentaire se manifeste sous une forme qui ne correspond pas entièrement aux définitions de l’anorexie, de la boulimie ou de l’hyperphagie. On parle alors d’un trouble alimentaire atypique. Il peut par exemple se manifester par :
- des crises de boulimie qui surviennent de manière moins fréquente
 - des pensées envahissantes et obsessionnelles autour de la nourriture et la mise en place occasionnelle de comportements compensatoires inadaptés pour tenter de contrôler son poids – vomissements occasionnels, pratique intense de sport, restrictions alimentaires
 - une forme d’anorexie avec un poids maintenu dans la norme
 - tout autre comportement alimentaire perturbé accompagné de pensées envahissantes et obsessionnelles autour de la nourriture, du corps et du poids.
 
Les troubles alimentaires atypiques sont à prendre au sérieux, au même titre qu’un trouble spécifié car ils entraînent une détresse et des difficultés dans le fonctionnement social, professionnel et dans le quotidien des personnes qui en souffrent. Il est important de ne pas minimiser ces syndromes partiels car ils présentent de forts risques d’évoluer en syndromes complets de type anorexie, boulimie ou hyperphagie.
Un trouble alimentaire atypique nécessite absolument une prise en charge adaptée, au même titre que les autres formes de troubles alimentaires définis.
Ces formes atypiques de troubles alimentaires sont probablement bien plus présentes dans la population générale que les troubles spécifiés. Il est d’autant plus important d’en parler qu’ils passent souvent inaperçus ; les personnes qui en souffrent peuvent penser que ce qu’elles vivent n’est pas si grave et peinent à se sentir légitimes à demander de l’aide.
Quand s’inquiéter ?
Dès le moment où des préoccupations pour la nourriture et le poids:
– prennent beaucoup de place ou deviennent même envahissantes
– influencent le comportement alimentaire
– deviennent sources de souffrance
Il faut s’inquiéter et chercher de l’aide.
Il est important de réagir pour ne pas risquer que le trouble alimentaire s’installe ou s’aggrave, impactant la santé et la vie de la personne concernée et de son entourage.
Définition
Dans son chapitre intitulé « autres troubles de l’alimentation ou de l’ingestion d’aliments spécifiés », le DSM-5 (manuel de l’association américaine de psychiatrie) précise que ces troubles entraînent une détresse ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants sans remplir tous les critères de l’anorexie, de la boulimie ou de l’accès hyperphagique.
Il donne les exemples suivants:
- Anorexie mentale atypique (malgré une perte de poids importante, celui-ci reste dans la norme ou au-dessus)
 - Boulimie de faible fréquence ou de durée limitée
 - Accès hyperphagiques de faible fréquence ou de durée limitée
 - Trouble purgatif (comportements compensatoires pour contrôler le poids mais en l’absence d’accès hyperphagique)
 - Syndrome d’alimentation nocturne
 
Autres formes de comportements alimentaires perturbés
Le DSM-5 (manuel de l’association américaine de psychiatrie) cite, parmi les troubles de l’alimentation et de l’ingestion d’aliments (spécifiés) :
- Le PICA : l’ingestion régulière et répétée de substances non nutritives et non comestibles – un trouble souvent associé à des maladies psychiatriques.
 
- Le Mérycisme : la régurgitation répétée de nourriture qui peut ensuite être ravalée ou recrachée.
 
- La restriction ou l’évitement de l’ingestion d’aliments (ARFID) par manque d’intérêt ou par dégoût fondé sur les caractéristiques sensorielles de la nourriture sans qu’il n’y ait forcément de préoccupation du poids et de l’apparence.
 
Autres formes de troubles alimentaires
En dehors des troubles mentionnés dans le DSM-5, d’autres perturbations du comportement alimentaire peuvent apparaitre de manière plus ou moins fréquente. Elles peuvent être associées à d’autres troubles psychiques et entraîner des conséquences potentiellement dramatiques pour les personnes qui en souffrent.
En voici quelques exemples :
La mommyrexie: ce terme vient de la contraction du mot anglais « mommy » (qui signifie maman) et anorexie. Il s’agit d’une obsession de la minceur durant la grossesse. Pour tenter de limiter leur prise de poids, les femmes enceintes restreignent leur alimentation, mettant sérieusement en danger leur santé et celle de leur bébé.
L’orthorexie qui se caractérise par une obsession à s’alimenter sainement (elle est parfois aussi associée à une forme de trouble obsessionnel compulsif).
La bigorexie qui consiste à s’alimenter essentiellement en vue d’une prise de masse musculaire devenue obsessionnelle ; la bigorexie est généralement associée à une pratique intensive de la musculation.
Le RED-S (déficit énergétique relatif dans le sport), un trouble de plus en plus présent et reconnu dans les milieux sportifs. Il s’agit du maintien d’un déséquilibre entre l’énergie dépensée (par les entraînements, les activités de la vie quotidienne, le fonctionnement du corps au repos, les besoins pour la croissance…) et l’énergie accumulée (repas, boissons, sommeil, récupération, gestion du stress…). Ce déséquilibre entraîne des perturbations importantes du métabolisme.
La diabolisation de certains aliments avec une peur irrationnelle et excessive de certains types d’aliments perçus comme nocifs pour la santé (sucre, gluten, matières grasses, et.), indépendamment de toute préoccupation autour du poids.
La potomanie : relativement rare, ce trouble consiste à consommer de l’eau de manière massive et excessive – jusqu’à 10 litres par jour – bien au-delà de ce que le corps peut assimiler, pouvant entraîner des conséquences potentiellement dramatiques.
La drunkorexie : ce terme vient de la contraction du mot anglais« drunk » (qui signifie ivre) et anorexie. Ce comportement, surtout observé chez certaines jeunes femmes, consiste à sauter des repas ou à restreindre fortement son alimentation pour « compenser » les calories ingérées via l’alcool. Un comportement qui peut avoir de dangereuses conséquences pour la santé.
Les signes associés
Lorsque l’on souffre d’un trouble alimentaire atypique, ou non spécifié, cela peut s’accompagner d’un ou de plusieurs de ces schémas de comportements et conséquences, en fonction de la gravité et de la durée de la maladie:
- Impact sur la vie sociale, professionnelle et privée
 - Une grande souffrance psychique
 - Un sentiment de honte et le déni des difficultés
 - Une importante dépendance au regard d’autrui avec le désir de se montrer conforme à ce que l’on pense que l’autre attend
 - Des préoccupations importantes avec des pensées envahissantes, voire obsessionnelles, concernant la nourriture et le poids
 - Une alimentation qui peut être anarchique
 - Des tentatives de contrôle de l’alimentation et du poids, notamment à travers divers régimes alimentaires ou des comportements compensatoires inappropriés
 - Des variations pondérales qui peuvent parfois être importantes
 - Une alternance de périodes de restrictions et d’épisodes de grignotages, de compulsions, de fringales et/ou d’hyperphagie avec une perte de contrôle
 - Une faible estime de soi fortement corrélée au poids et à l’apparence
 - De l’anxiété
 - Une tendance au repli sur soi
 - De la dépression avec de possibles idées suicidaires
 - Des comportements d’automutilation et d’auto-agression
 
Quelles conséquences pour le corps?
Peu d’études se sont penchées sur l’impact physiologique des troubles alimentaires atypiques. Ils sont d’autant plus difficiles à déterminer qu’ils sont souvent vécus de manière cachée et qu’ils peuvent prendre des formes très variées.
Les conséquences physiologiques dépendent donc avant tout de la forme du trouble alimentaire, de sa durée et sa gravité. Parmi les plus courantes et de manière non exhaustive, on peut mentionner :
- Des troubles gastro-intestinaux
 - Des vertiges
 - Des troubles du cycle menstruel
 - Un retard de croissance chez les jeunes
 - De l’hypotension
 - Des variations de poids qui peuvent être importantes
 - Des difficultés de concentration et d’attention
 
Contrôlez votre santé
Si vous pensez souffrir d’un trouble alimentaire atypique, il est important de consulter un médecin généraliste pour qu’il puisse évaluer votre état de santé et pour éviter que des problèmes physiologiques dus à des carences ou d’autres troubles ne s’installent sur la durée. 
Vous pensez souffrir de l’un de ces troubles? N’attendez pas pour chercher de l’aide. Vous pouvez nous contacter:
- info@boulimie-anorexie.ch
 - 021 329 04 22
 
Des troubles invisibles
Ces formes atypiques de troubles alimentaires sont probablement bien plus fréquentes dans la population générale que les troubles spécifiés. Il est d’autant plus important d’en parler qu’ils passent souvent inaperçus ; les personnes qui en souffrent peuvent penser que ce qu’elles vivent n’est pas si grave et peinent à se sentir légitimes à demander de l’aide.