Conséquences

Un trouble alimentaire engendre de profondes souffrances, non seulement pour la personne concernée mais aussi pour son entourage.

De l’extérieur, il est difficile d’imaginer ce que vit une personne qui souffre d’un trouble alimentaire. Bien souvent, elle montre une image souriante, aimable, parfois même très dynamique, organisée et investie dans ses activités.

Mais à l’intérieur d’elle, c’est un tout autre scénario qui se joue: des pensées envahissantes et obsessionnelles autour de la nourriture et du poids, une image d’elle négative – et souvent biaisée, une influence excessive du poids sur l’humeur, une coupure entre la tête et le corps, des difficultés à être à l’écoute de ses besoins, des tensions constantes…

Une personne qui souffre d’un trouble alimentaire a tendance à déployer une grande énergie à tenter de cacher sa maladie à cause de la culpabilité et de la honte qu’elle peut ressentir. Elle peut penser – et son entourage aussi – qu’il lui suffirait d’un peu de volonté pour manger davantage ou pour ne pas faire de crises de boulimie, ce qui tend à renforcer la culpabilité et l’impression de ne pas être légitime à demander l’aide dont elle aurait pourtant profondément besoin.

Il se peut aussi que, malgré la souffrance et l’altération de sa qualité de vie, elle ressente une forme d’ambivalence, tiraillée entre un désir de s’en sortir et la crainte de perdre le contrôle.

L’entourage qui se retrouve souvent démuni, est lui aussi fortement impacté par le trouble alimentaire d’un être aimé. Les proches ont eux aussi besoin d’être soutenus et accompagnés pour mieux comprendre la maladie et ne pas risquer de s’épuiser.

L’impact au quotidien d’un trouble alimentaire

Souffrir d’un trouble alimentaire peut entraîner un isolement et des difficultés psychiques, sociales et physiques susceptibles de mettre sérieusement la santé et la vie en danger. Selon le type, la durée et la gravité du trouble, mais aussi selon la personnalité et le contexte dans lequel il se manifeste, il peut entraîner une ou plusieurs des conséquences mentionnées ci-dessous.

Ne restez pas seul·e

Les troubles alimentaires sont des maladies complexes dont les conséquences peuvent être dramatiques. En guérir n’est pas une « simple affaire de volonté » mais nécessite une prise en charge appropriée. Ne restez pas seul·e. A ABA, nous sommes là pour en parler.

Conséquences au niveau psychique

Un trouble alimentaire est souvent associé aux sentiments, émotions et comportements suivants:

  • Une image de soi déformée et un rapport souvent conflictuel avec son propre corps (que l’on appelle la dysmorphobie)
  • Des pensées obsessionnelles autour de la nourriture, du corps et du poids
  • Des difficultés à être en lien avec son ressenti et à reconnaître ses besoins, comme la faim, la satiété ou la fatigue
  • Des difficultés de concentration
  • Des difficultés à vivre ou à gérer ses émotions
  • Un sentiment de honte et de culpabilité  
  • Le déni de la maladie et de sa gravité (en particulier avec l’anorexie)
  • Une tendance au contrôle qui peut s’étendre à d’autres domaines que l’alimentation (organisation, rangement, etc.) Parfois, ce contrôle peut se transformer en TOC (troubles obsessionnels compulsifs)
  • De la peine à se détendre, à vivre dans le présent
  • Un sentiment d’anxiété
  • De la dépression
  • La présence d’autres formes de dépendances telles que l’alcool, la drogue, les achats compulsifs ou des conduites sexuelles à risque
  • Des comportements auto-destructeurs comme l’auto-mutilation
  • Des idées suicidaires qui peuvent aller jusqu’au passage à l’acte
Conséquences au niveau social

Le trouble alimentaire peut aussi fortement affecter les liens et le fonctionnement social. On peut notamment observer:

  • Un repli sur soi qui peut mener à l’isolement
  • Une tendance à éviter les repas pris en commun
  • La mise en place de stratégies organisationnelles pour faire des crises de boulimie et/ou pour se faire vomir
  • Des tensions avec l’entourage liées aux stratégies d’évitement et parfois aux mensonges qui peuvent être perçus comme de la manipulation
  • Un surinvestissement dans les études ou le travail
  • Une tendance à l’hyperactivité que ce soit dans la multiplication des activités sociales, des hobbies ou un surinvestissement dans le sport
  • Des difficultés dans le quotidien au sein de la famille liées aux comportements entraînés par la maladie
  • Les relations amicales et amoureuses peuvent être compliquées, notamment du fait de la mauvaise image de soi, parfois même du dégoût de son propre corps
  • Des difficultés financières liées aux achats de nourriture pour les crises de boulimie
Conséquences au niveau physiologique

Les restrictions alimentaires, les crises de boulimie, les vomissements ou l’activité physique intense mettent le corps à rude épreuve. Les conséquences spécifiques à chaque trouble sont détaillées dans leurs descriptions. Certaines peuvent cependant être associées à l’ensemble des troubles alimentaires, selon leur durée et leur gravité, comme par exemple:

  • Des troubles du rythme cardiaque
  • Des carences nutritives
  • Un dérèglement hormonal avec la disparition ou la non apparition des règles pour les femmes
  • Des troubles digestifs
  • Des troubles du sommeil
  • De la fatigue qui peut aller jusqu’à l’épuisement
  • Des difficultés de concentration
  • Des problèmes dentaires
  • Un risque d’ostéoporose
  • L’irritation de l’œsophage et des saignements provoqués par les vomissements
  • Un dysfonctionnement rénal

Les troubles alimentaires peuvent-ils être mortels ?

Les TCA présentent le taux de mortalité le plus élevé de toutes les maladies mentales :

cela s’explique notamment par le fait qu’une sous-nutrition chronique ou des vomissements répétés peuvent engendrer une importante baisse du taux de potassium, des troubles électrolytiques et provoquer un arrêt cardiaque.

Mais une des principales causes de mortalité liée aux troubles alimentaires est le suicide.

Quelques chiffres :

  • Selon l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), 5 à 6 % des patients décèdent en cas d’anorexie mentale « chronique », c’est-à-dire lorsque les troubles durent depuis plus de 5 ans.
  • Le taux de suicide associé est le plus important de toutes les maladies psychiatriques. Il concernerait 20% des décès liés à l’anorexie mentale.
  • Le taux de mortalité des personnes souffrant de boulimie s’élève à 1,5 à 2%
  • Le taux de mortalité lié à l’hyperphagie serait de 1,5 % 

Ces chiffres sont à prendre avec précaution, car les études disponibles sont souvent partielles et il est probable qu’une part des troubles restent dans l’ombre. Mais ce qui est sûr, c’est qu’un trouble alimentaire ne doit pas être pris à la légère. Une prise en charge adaptée permettant d’accompagner la personne dans sa santé physique et psychique est absolument nécessaire pour éviter une issue potentiellement dramatique.