Lorsqu’une personne souffre de boulimie, elle est envahie de pensées obsessionnelles autour de la nourriture et de son poids: elle subit régulièrement des crises de boulimie durant lesquelles elle se voit avaler de manière compulsive de très grandes quantités de nourriture sans pouvoir s’arrêter. Après cela, la peur intense de grossir lui font adopter des comportements compensatoires inappropriés comme se faire vomir, se priver de manger durant une période ou pratiquer du sport de manière intense. Elle est habitée par un fort sentiment de honte et de culpabilité et ressent souvent du dégoût et de la haine pour son propre corps. Le poids indiqué sur la balance a une forte influence sur son estime d’elle-même.
Les personnes qui souffrent de boulimie déploient souvent beaucoup d’énergie pour cacher leur comportement à leur entourage. La maladie, dont les manifestations ne se voient pas forcément puisque le poids reste généralement dans la norme, peut donc être vécue durant des années dans le plus grand secret.
Comme toutes les autres formes de troubles alimentaires, la boulimie est l’expression d’une grande souffrance et nécessite absolument une prise en charge adaptée.
Témoignage
« Mes problèmes de boulimie commencent à l’âge de 16 ans. Je suis au bord du gouffre, obsédée par la nourriture du matin au soir et habitée chaque matin au réveil par la sensation d’être une folle, une extraterrestre, juste bonne à quitter ce monde. Bien entendu, mon entourage ne soupçonne rien de ma détresse car l’image que je donne en société est celle d’une jeune fille sportive, pleine d’énergie, motivée et qui plus est sûre d’elle… »
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Définition
Les principaux critères pour définir la boulimie selon le DSM-5 (manuel de l’association américaine de psychiatrie) sont les suivants :
- La survenue récurrente d’accès hyperphagiques, les « crises de boulimie »
 - Ces accès sont suivis de comportements compensatoires inappropriés pour éviter de prendre du poids
 - Une préoccupation extrême autour du poids et de l’image corporelle qui influence fortement l’estime de soi
 - Les crises surviennent en moyenne au moins une fois par semaine pendant au moins trois mois
 - Comme elles ont souvent lieu en cachette et que le poids est généralement dans la norme, la boulimie est particulièrement difficile à détecter et peut rester cachée durant des années.
 
Une crise de boulimie, c’est quoi exactement ?
En voici la définition du DSM-5 :
La consommation en peu de temps de quantités de nourriture largement supérieures à ce que la plupart des gens absorberaient en une période de temps similaire et dans les mêmes circonstances.
Un sentiment de perte de contrôle sur la quantité et parfois même sur la qualité et le choix des aliments ingurgités.
Le recours systématique à un ou des comportements compensatoires inappropriés visant à prévenir la prise de poids (vomissements provoqués, emploi abusif de laxatifs ou d’autres médicaments, jeûne ou pratique d’exercices physiques intenses, etc.)
Les signes associés
Chaque parcours de vie est différent et la manière de traverser la boulimie est individuelle et propre à chacun·e. Les manifestations de la maladie dépendent du stade, de sa durée et de sa gravité, mais certains comportements, schémas de pensées et ressentis se retrouvent fréquemment. Voici les plus courants :
- Des pensées envahissantes et obsessionnelles autour de la nourriture : quand faire une crise de boulimie ? Comment la dissimuler à l’entourage ? Comment éliminer ce qui a été absorbé ? Ces pensées tournent en boucle, provoquant une forte tension intérieure qui empêche de de se concentrer sur autre chose. C’est comme si la nourriture devenait une forme de drogue : dans ces moments, la seule chose qui importe est de s’isoler pour « faire une crise de boulimie », quitte à décommander des rendez-vous ou à planifier son emploi du temps en conséquence.
 
- Un sentiment de honte et de culpabilité qui renforce un manque de confiance et une image de soi déjà fragiles. La sensation de perte de contrôle peut être très angoissante, avec la crainte de prendre du poids mais aussi de ne pas réussir à faire autrement et de ne jamais pouvoir s’en sortir.
 
- Un rapport au corps compliqué : généralement insatisfaite de son poids et de son image corporelle, la personne qui souffre de boulimie peine à ressentir ses besoins. Cette difficulté est renforcée par les crises qui provoquent un dégoût de soi et peuvent l’entraîner dans une spirale autodestructrice avec de possibles tendances à l’automutilation et des pensées suicidaires.
 
- L’installation d’un cercle vicieux : privations-crises-vomissements. La personne souffrant de boulimie n’est jamais satisfaite de son poids (qui est généralement dans la norme) et met une grande énergie pour essayer de compenser les crises, par exemple en sautant des repas ou en se priver de certains aliments. Mais la frustration, la faim et les tensions engendrées par ces restrictions sont si intenses qu’elles provoquent une nouvelle crise de boulimie – vécue souvent comme un soulagement momentané… mais qui ne fait que nourrir ce cycle auto-destructeur.
 
- La dissimulation : malgré sa souffrance et la forte pression liée aux crises ou à l’angoisse de prendre du poids, la personne qui souffre de boulimie fait tout pour cacher son état de détresse et la maladie. Lorsqu’elle est en compagnie d’autres personnes, elle donne la plupart du temps l’image d’une personne « sans problèmes », agréable et souriante et fait tout son possible pour tenter de maintenir à l’extérieur une image parfaite.
 
- Une difficulté à gérer les repas : les sorties au restaurant, les fêtes, les réunions de famille ou les repas pris à l’extérieur sont souvent sources de fortes angoisses pour une personne qui souffre de boulimie. Elle va souvent tenter de trouver des prétextes pour les éviter ; et lorsque cela n’est pas possible, il se peut qu’elle aille se faire vomir pour éliminer ce qu’elle considère avoir mangé en trop.
 
- Un profond mal-être, qui peut conduire à la dépression et parfois même à des idées suicidaires avec des risques de passage à l’acte.
 
- De l’anxiété, une phobie sociale ou des attaques de panique peuvent aussi se manifester.
 
- Il arrive que les importantes dépenses pour la nourriture entraînent des difficultés financières pouvant parfois mener à l’endettement et/ou au vol.
 
- La boulimie est parfois accompagnée d’autres conduites addictives (alcool, achats compulsifs, drogues, vols, petite délinquances, comportements sexuels à risque, etc.)
 
- Des difficultés sociales : la boulimie et les comportements qu’elle induit peut impacter les relations sociales et la capacité à tenir ses engagements. Toute l’énergie a tendance à être investie dans la préoccupation pour la nourriture, entraînant peu à peu à l’abandon des loisirs et l’isolement.
 
Quelles conséquences pour le corps ?
Les comportements entraînés par la boulimie peuvent fortement impacter le corps, la vie quotidienne et l’entourage.
Au niveau physiologique, la boulimie peut entraîner une ou plusieurs de ces conséquences selon la durée et la gravité de la maladie:
- Une grande fatigue qui peut aller jusqu’à l’épuisement
 - Des douleurs gastriques et abdominales (troubles digestifs), une dilatation de l’estomac
 - Des inflammations chroniques de la gorge et de l’œsophage, parfois même des saignements
 - Une carence en vitamines, en minéraux et en oligoéléments
 - Un déficit en potassium qui peut entraîner des troubles cardiaques pouvant aller jusqu’à l’arrêt cardiaque
 - Une érosion de l’émail dentaire et l’apparition de caries dues aux vomissements
 - Le gonflement de certaines glandes salivaires (parotides)
 - Une hypocalcémie et un risque d’ostéoporose
Contrôlez votre santé
Si vous souffrez de boulimie, il est important de consulter régulièrement un médecin généraliste pour qu’il puisse évaluer votre état de santé et pour éviter que des problèmes physiologiques dus à des carences ou d’autres troubles ne s’installent sur la durée. 
Vous pensez souffrir de boulimie ? N’attendez pas pour chercher de l’aide. Vous pouvez nous contacter:
- info@boulimie-anorexie.ch
 - 021 329 04 22
 
Des formes multiples de TCA – Cette définition répond aux critères du DSM-5 mais il est aussi possible de souffrir de boulimie sans se reconnaître complètement dans l’ensemble de ces comportements. On parle alors de « trouble alimentaire atypique » (lien vers troubles atypiques). Ces formes partielles de troubles alimentaires sont très fréquentes. Leur impact sur la santé et le quotidien des personnes qui en souffrent est tout autant à prendre au sérieux et nécessite absolument une prise en charge adaptée.