Guérir d’un trouble alimentaire, c’est possible !
Chez ABA, nous recevons régulièrement des témoignages de personnes qui évoquent leur parcours de guérison. Libérées de la maladie, elles ont (re)trouvé une relation paisible avec la nourriture et avec leur corps. Mais surtout, elles ont à nouveau du plaisir à vivre et de l’énergie pour s’engager dans des projets et des relations qui leur tiennent à cœur.
Les troubles alimentaires sont des maladies complexes pour lesquelles il n’existe pas de « traitement-type ». Chaque parcours de guérison est spécifique à chaque personne. Il s’agit d’un processus qui se fait par étapes et qui demande du temps et un investissement personnel.
Une question de volonté ?
Il est faux de croire qu’il suffit de volonté pour décider de manger plus ou pour ne pas faire de crise de boulimie. Cette croyance renforce la culpabilité, la honte et l’isolement. Les troubles alimentaires sont reconnus comme des maladies complexes qui affectent autant le corps que le psychisme. Personne ne choisit librement et volontairement de développer un jour un trouble alimentaire : ce dernier reflète une profonde souffrance. Pour s’en sortir, il est nécessaire et légitime de se faire aider. Et c’est bien là que la motivation et la détermination peuvent jouer un rôle : celui de se donner tous les moyens et de s’engager pleinement dans le processus de guérison, en se faisant aider et en s’octroyant le temps nécessaire pour se donner toutes les chances d’aller mieux.
Guérir, pas à pas…
Le premier pas, c’est d’oser parler, pour rompre l’isolement et ne pas rester seul·e avec la maladie.
Ce premier pas n’est pourtant de loin pas le plus facile: les troubles alimentaires restent malheureusement encore entourés d’incompréhensions, de préjugés et de tabous. Les personnes qui en souffrent ressentent souvent de la honte, de la culpabilité et la peur du jugement qui les maintiennent dans l’isolement, et cela est d’autant plus fort lorsque l’entourage ne connait pas la maladie.
L’ambivalence
Lorsque l’on souffre d’un trouble alimentaire, il arrive aussi parfois que, malgré toutes les souffrances engendrées par la maladie, on ressente une forme d’ambivalence avec d’un côté, l’envie de guérir et en même temps, une crainte intense de perdre le contrôle. La peur de prendre du poids, du changement et du vide que pourrait laisser l’absence de la maladie sont autant de freins dans le processus de guérison qui peuvent empêcher de s’engager pleinement dans des démarches pour chercher de l’aide.
Ces craintes sont normales et légitimes : travailler sur cette ambivalence fait également partie du processus qui mène vers la guérison.
A qui parler ?
Pouvoir se confier et se sentir soutenu·e est essentiel pour cheminer dans le processus de guérison. On peut parler à un parent ou un autre membre de la famille, mais il se peut que cela soit plus facile de s’adresser à une personne extérieure comme un·e ami·e, un·e collègue ou un·e professionnel·le de la santé et du social (infirmier·ère scolaire, médiateur·trice, enseignant·e, gynécologue, psychologue).
Les associations, comme ABA, offrent un espace d’écoute bienveillant et, si cela est souhaité, un accompagnement personnalisé – hors de toute prise en charge médicale et thérapeutique – qui peut aider à mieux comprendre ce qui se joue et à identifier, le cas échéant, les freins et les ressources pour se mettre en route sur le chemin de la guérison.
Dans tous les cas, il est vivement recommandé de prendre rendez-vous avec son médecin généraliste pour s’assurer que le trouble alimentaire n’engendre pas de carences ou d’autres conséquences qui pourraient s’avérer dangereuses pour la santé.
Quelle prise en charge?
Chaque situation vécue est unique: une prise en charge doit donc être personnalisée et prendre en considération l’état de santé, l’environnement, le parcours de vie et les besoins de la personne qui souffre d’un trouble alimentaire.
Il n’existe pas de « traitement type », ni de médicament pour guérir de ces maladies complexes, qui affectent autant le corps que l’esprit et les comportements. L’idéal serait de pouvoir mettre en place un accompagnement pluridisciplinaire permettant de prendre soin de ces différents aspects.
Toutes ces démarches ne doivent bien sûr pas forcément être menées en même temps mais choisies en fonction de ce qui fait sens dans chaque situation particulière.
- Dans tous les cas, un suivi somatique est prioritaire pour veiller à l’état physique et aux éventuels impacts de la maladie sur le corps
 
- Un accompagnement psychologique pour aborder le parcours de vie, les éventuels événements traumatiques et les liens familiaux et sociaux. Il aide à mieux appréhender et comprendre les croyances, les émotions et les comportements et peut notamment permettre de construire une image de soi et la confiance en soi.
 - Un suivi diététique peut aider à retrouver un rapport plus serein avec l’alimentation. Il permet par exemple de travailler sur les peurs et les interdits alimentaires, de renouer avec les sensations de faim, de satiété et de plaisir.
 - Un travail sur soi à travers une approche complémentaire choisie en fonction de ses attirances et de sa personnalité. A titre d’exemple et de manière non exhaustive, cela peut être par exemple l’hypnose, une discipline douce comme le yoga, la danse intuitive, la relaxation, les massages, l’ostéopathie, la naturopathie, l’intégration d’un groupe thérapeutique, l’expression par la créativité (peinture, écriture, chant), un accompagnement avec les animaux ou des temps de reconnexion dans la nature, etc. Ces approches peuvent être des outils précieux pour nourrir le processus de guérison. Réalisées en conscience, elles peuvent aider à mieux se connaître, à se reconnecter à ses sensations, à ses besoins et à son énergie vitale.
 
Quel type de thérapie ?
Il n’existe pas de thérapie spécifiquement destinée au traitement des troubles alimentaires. L’important est de trouver le ou la thérapeute avec qui une relation de confiance est possible. La guérison est un processus qui prend du temps et invite à un profond travail intérieur : c’est pourquoi, il vaut la peine de s’engager sur la durée au risque de voir la maladie se prolonger ou ressurgir plus tard.
Quand l’hospitalisation est nécessaire?
Il arrive que l’hospitalisation soit nécessaire, en particulier lorsque la santé et la vie sont mises en danger (amaigrissement important, dénutrition, carences, risque vital etc.) ou lorsque que la situation familiale est trop compliquée et risque de mener à un épuisement.
Selon les situations, l’hospitalisation peut être décidée en urgence ou être préparée préalablement. En Suisse romande, il existe des unités spécialisées au sein desquelles les équipes sont formées dans la prise en charge des TCA. 
Malheureusement, il se peut qu’elles soient surchargées et qu’un délai d’attente soit nécessaire. Lorsqu’il n’y a pas d’autre alternative, l’hospitalisation peut alors se faire dans un service de médecine, de psychiatrie ou de pédo-psychiatrie.
Il existe aussi des hôpitaux de jour où il est possible de bénéficier d’un accompagnement thérapeutique spécialisé tout en pouvant rentrer chez soi le soir.
Une hospitalisation n’a pas pour but de guérir le TCA : elle représente une étape importante dans le processus thérapeutique qui doit être ensuite poursuivi à la sortie.
Un processus avec des hauts et des bas
Même si on s’est engagé dans une thérapie, il se peut que la maladie perdure, parce que le processus de guérison prend du temps. Il faut se rappeler que le trouble alimentaire est la manifestation d’une souffrance enfouie. Apprendre à (re)construire des bases solides qui permettent de vivre durablement sans le TCA exige de la patience et un engagement personnel.
Le chemin vers la guérison prend du temps et comporte souvent des phases de mieux-être et d’autres où la maladie reprend le dessus. Cela est normal. Ce qui peut être ressenti comme des « rechutes » sont en réalité des étapes passagères qui font pleinement partie du processus.
Ces périodes peuvent toutefois provoquer des émotions intenses et un sentiment de découragement. Cela est d’autant plus important de pouvoir en parler dans le cadre de sa thérapie ou d’un groupe de partage et de ne pas lâcher son engagement.
Chacune de ces étapes est une opportunité de faire un pas supplémentaire pour se connaître plus profondément encore, pour apprendre à reconnaître et à respecter ses besoins et ses envies, pour oser les exprimer. C’est un véritable chemin pour apprendre à vivre de plus en plus libre et en paix avec soi-même, sans avoir besoin de la maladie.
L’ambivalence
Même s’il provoque une grande souffrance, le trouble alimentaire peut aussi devenir un moyen de gérer un trop plein de stress et d’émotions ou une façon de combler un vide intérieur.
Il occupe une grande place, parfois depuis de nombreuses années, engendrant des comportements habituels qui peuvent sembler rassurants. Ainsi, même si on a envie de s’en sortir, il peut être terriblement angoissant de s’imaginer vivre sans.
Cela est normal : s’engager dans un processus de guérison, c’est accepter de quitter quelque chose de connu pour aller vers l’inconnu.
Il est important de reconnaître ces sentiments contradictoires sans culpabilité : ils font entièrement partie du chemin vers le rétablissement. L’idéal est de pouvoir en parler avec un·e thérapeute pour travailler dessus et mettre à jour les raisons qui font qu’il est si difficile de s’imaginer vivre totalement sans la maladie.
Comment savoir quand on est vraiment guéri ?
Quand peut-on parler de guérison ? Lorsque les crises de boulimie ont disparu ? Lorsque l’on peut manger normalement sans devoir tout contrôler ? Lorsque l’on a atteint un poids de santé ?
Il est difficile de définir de manière claire la notion de guérison d’un trouble alimentaire : on ne guérit pas d’un jour à l’autre : la notion de guérison résulte d’un processus et relève à la fois de critères médicaux mais aussi d’un ressenti intérieur plus subjectif.
- Les critères médicaux de guérison d’un TCA tiennent compte notamment d’un retour à un poids de santé stable, de l’arrêt des crises de boulimie et/ou des vomissements sur une longue période, la régulation des cycles menstruels ainsi que la possibilité de reprendre une vie sociale équilibrée, que ce soit au niveau professionnel, familial, amical ou amoureux.
 
- Le ressenti subjectif est plus nuancé et dépend de chaque parcours : ainsi, certaines personnes se considèrent guéries, même s’il leur arrive ponctuellement de faire des crises de boulimie, sans que cela ne devienne envahissant dans leur vie. Et d’autres seulement plusieurs années après la disparition de leurs symptômes.
 
Guérir au-delà des symptômes
Même si le trouble alimentaire n’est plus vraiment présent, il se peut que des pensées récurrentes, des comportements ritualisés ou une forme de contrôle persistent. Cela peut être, par exemple : se priver durablement de manger certains aliments considérés comme trop riches ou trop gras ; avoir des difficultés à accepter pleinement son corps et à être en paix avec lui ; avoir de la peine à créer des relations intimes, etc.
Cela montre à quel point un trouble alimentaire est complexe et que, même lorsque ses formes les plus visibles disparaissent, il vaut la peine de poursuivre le travail sur soi pour se donner toutes les chances d’explorer et de libérer ce qui peut entraver la confiance, la spontanéité et les forces vitales.
Ainsi, être guéri, au-delà de la disparition des comportements alimentaires perturbés, c’est aussi pouvoir :
- renouer avec les sensations de faim, de satiété et de plaisir pour réguler la relation avec la nourriture
 - vivre un rapport apaisé avec son corps, être capable d’écouter ses besoins et d’en prendre soin
 - ressentir à nouveau du plaisir : celui de manger, mais aussi d’être avec les autres, de bouger, de faire ce que l’on aime
 - être en lien de manière plus simple et authentique avec les autres
 - s’autoriser la possibilité de vivre une relation intime et amoureuse
 - reconnecter avec des intérêts, des envies et des projets
 - retrouver sa liberté et une forme de sérénité intérieure.
 
Ce qui est sûr, c’est qu’après avoir vécu un trouble alimentaire, on ne redevient pas tout à fait « comme avant ». Toute personne qui a traversé cette épreuve en ressort changée intérieurement. Il vaut la peine de s’engager dans ce cheminement qui, lorsqu’il est bien accompagné, mène à se rapprocher de son essence et à vivre avec plus de liberté, d’authenticité et d’intégrité.
Témoignage
« C’est au plus profond de ma crise que je fais le premier pas vers la guérison : je réalise que j’ai besoin d’aide. Non pas quelques coups de pinceaux externes mais une véritable aide, en profondeur. »
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Peut-être vous sentez-vous perdu·e? Vous ne vous sentez pas vraiment légitime à demander de l’aide et pensez que vous pouvez vous en sortir seul·e, à force de volonté? Vous n’êtes pas sûr·e de souffrir « réellement » d’un trouble alimentaire? N’hésitez pas à nous contacter. Nous sommes là pour vous aider à y voir plus clair et le cas échéant, vous orienter auprès de professionnel·les qui sauront vous accompagner en fonction de vos besoins et de votre situation
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